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Gaec des Grands Prés à Plessala / Une adaptation progressive - L’évolution logique d’un système économe et autonome


 

Article presseCette adhésion au cahier des charges « Systèmes fourragers économe en intrants » est en fait la suite logique d’une démarche enclenchée progressivement sur plusieurs années par les associés. « Dans un système relativement classique, jusqu’en 1995, nous avons commencé progressivement à réduire la surface en maïs pour augmenter la part d’herbe », soulignent les associés. De fait, sur les 58 ha SAU de l’exploitation de 1995, les 18 ha de maïs ont été ramenés à 15 ha en 1998/2000, puis à 13 ha en 2004/2006 pour n’être plus que de 8 ha en 2007. La part de céréales a aussi baissé et de 10/12 ha en 1995, elle n’est plus que de 7 ha.  L’herbe représente désormais environ 40 des 58 ha.
Sans doute l’évolution aurait été un peu plus rapide si les associés du Gaec avaient pu  mener à terme le projet  CTE.  Ils ont fait partie des fameux dossiers stoppés brutalement en août 2002. Mais de toute évidence, pour rentrer dans un cahier des charges de ce niveau, il faut être prêt. « Prêt techniquement car  on ne change pas d’itinéraire dans la conduite d’une exploitation brutalement. Mais aussi prêt mentalement car cela veut dire accepter certaines évolutions ».

Accepter de désintensifier

Désintensifier, accepter des niveaux de production moins élevés à certaines périodes de l’année, lorsque l’alimentation est moins riche. Ainsi avec un troupeau qui affiche une moyenne annuelle de plus 7000 kg, les fluctuations vont de 6500 kg en fin de saison de pâturage (octobre)   à 8500 kg avec la ration hivernale (80 % maïs et 20 % ensilage d’herbe et foin avec une complémentation à base de céréales produites sur  l’exploitation et d’un correcteur azoté sans OGM).
L’application du cahier des charges « Systèmes fourragers économes en intrants » prend progressivement sa place.  « L’herbe ne fait que confirmer sa prépondérance». « Nous n’avons pas eu de mal à rentrer dans les clous de la fertilisation azotée de l’herbe dans la mesure où nous avions déjà une part importante de prairies à base de Ray-grass-Trèfle blanc ».
Les chiffres sont  là pour attester d’une bonne maîtrise de la fertilisation :  en moyenne 125 unités d’azote total (organique + minéral) toutes cultures confondues. « En 2007, nous n’avons acheté que 7 tonnes d’ammonitrate ». Le reste de l’apport azoté vient du lisier lié à un plan d’épandage. « Pour le maïs, après prairie zéro apport, et après une céréale du fumier et un peu de lisier ».

Quelques contraintes

Une adaptation qui nécessite cependant de jongler dans la gestion du pâturage en fonction de la portance des sols et l’état des parcelles. « On est plus attentif et on change parfois un peu plus souvent de parcelles ». Ils diversifient les variétés, par exemple une association du Rays gras hybride et du trèfle violet. Les éleveurs exploitent aussi au maximum les possibilités. « Quasiment jamais de fauche de refus, les génisses et les taries s’en chargent ». L’ensilage d’herbe distribué en complément du maïs dans la ration d’hiver joue aussi le rôle de tampon ; ainsi que le foin, lorsque les conditions climatiques sont assez favorables.
Un peu plus délicat à gérer les traitements phytosanitaires. « Pas sur céréales où nous avions déjà amorcé la réduction, en limitant à un seul fongicide depuis 2 ou 3 ans. Ce qui nous titillait un peu plus, c’était le désherbage des prairies. Il faut admettre de passer un peu plus de temps en mai /juin. Mais cela a aussi des avantages :  le traitement en localisé autorisé permet de ne pas freiner la culture et de mieux appréhender l’état réel des parcelles ».
Désintensifier, être en phase avec les attentes environnementales, tout en préservant un bon niveau de production et des conditions de travail acceptables, « les objectifs sont atteints tout en réduisant les coûts ». Ils citent les coûts alimentaires « Nous sommes passés d’un coût alimentaire de 55 euros/1000 litres en 2003 à 41 euros en 2007 ».

Pierre Dénès

Article du Paysan Breton / Edition du 22 au 29 Février 2008

Photo : Joseph Sauvée et Guy Hervé, deux des associés du Gaec des Grands Prés à Plessala 

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